rita aime s'amuser, s'amuser de tout et de rien, elle veut brûler, brûler comme la cigarette entre ses doigts. elle se ridiculise avec plaisir, pleine d'autodérision, adorant imiter une célébrité, tirer la langue ou faire des grosses bulles avec son chewing-gum. le tout en restant très classe et féminine, oui, c'est possible vous dira-t-elle. × rita c'est une petite bombe à retardement, une demoiselle qui intériorise les événements avant d'exploser brutalement. tic, tac, attention, le compte à rebours s'enclenche rapidement et rares sont les personnes pouvant y échapper. × rita c'est une obstinée, parfois un peu trop têtue même. lorsqu'elle a raison, elle a raison point final. et ce même si son discourt ne tient clairement pas la route. × comblée, rita elle l'a toujours été. fermement protégée dans ce cocon familiale qu'a instauré ses géniteurs depuis sa plus tendre enfance. pourtant, même si aujourd'hui elle se trouve loin de ce cocon, elle rêve d'aventures et de voyages avec son sac-à-dos comme unique allié. × lorsqu'elle était adolescente, rita ne se déplaçait qu'en skateboard. aujourd'hui elle doit bien avouer qu'elle ne le faisait que parce qu'elle trouvait ça cool de ne pas faire comme les autres filles de son âge. pourtant, elle aimait bien faire du skate, cette sensation de vitesse lui plaisait particulièrement. ×  dans la vie de tous les jours, rita ne tient en horreur que quatre choses : la maladie, l’ennui, perdre et avoir tort. × rita, elle a peur des clowns. c'est une vraie phobie qui lui a longtemps valu les blagues de ses petits camarades de classe. à la vue d'un clown, prise de spasmes et de stresse, elle peut se mettre en état de crise et pleurer dans le pire des cas. × rita, c'est une grande fumeuse. religieusement, elle garde toujours son paquet de cigarette à porté de main. elle n'a d'ailleurs jamais songé à arrêter, sachant parfaitement qu'elle est dépendante à cette petite drogue douce. × rita, elle a arrêté ses études en partant d'italie. ce déménagement était pour elle une chance de stopper définitivement ce train-train quotidien. la petite fille modèle qu'elle était n'a jamais apprécié l'école et ne s'y rendait que pour faire plaisir à ses parents. × rita elle est barmaid mais elle possède également un second métier. personne n'est au courant mais rita pose souvent pour des marques de lingeries, ou parfois nue, pour les plus aisés. rita, elle aime bien ce métier, elle se sent puissante. l'italienne, elle se sent désirée. oui, rita, elle aime attirer les regards.

Mamma,

C'est moi, Rita. Ou Lavandra, si tu préfères, et je sais que tu préfères. Ça me fait drôle tu sais. Tu es la dernière personne à encore m’appeler de cette manière. Ici, tout le monde me pré-nomme Rita et c'est tellement mieux ainsi. Plusieurs années que mes pieds ont foulés pour la première fois la terre de l'Australie, Adélaïde. Je me souviens encore de ton expression lorsque Bambi et moi t'avons annoncé notre projet de départ. Tes deux petites filles s'en allaient, bien décidées à voler de leurs propres ailes. Pourtant, ça n'a pas toujours été mon rêve, tu sais, de vivre à mille lieux de la famille. Mais aujourd'hui je bien suis là, à t'écrire cette lettre. J'ai simplement suivie Bambi. Tu la connais, elle et ses petites folies. Oui, je ne pouvais me résoudre à voir ma sœur jumelle s'éloigner loin de moi, alors je l'ai suivie comme la Terre attachée à son Soleil.
L'Italie me manque parfois, surtout quand les australiens essaient de me faire bouffer des spaghettis pour me faire plaisir. C'est comme ça, on laisse échapper qu'on est italien au détour d'une phrase et les gens se mettent à parler avec les mains en massacrant nos « belissima » et « ti amo ». Ils ont des pizzas quatre fromages aux fonds des yeux et les plus téméraires risquent même un « vaffanculo » avec un sourire niais. Mais ça me fait plus rire qu'autre chose, ils ont l'air tellement ridicules. J'ai l'impression de ne plus manger pour de vrai, tu sais. Ta cuisine me manque terriblement mamma, personne n'est capable de reproduire tes fameuses lasagnes made in DiPietro.
Bref, malgré tout, je ne regrette pas une seule seconde d'avoir pris cet avion. L’Australie est splendide, cette nouvelle vie me plaît vraiment. Je ne vais pas te sortir le discours de la fille qui se sent épanouie après ce nouveau départ, mais... c'est presque ça au fond.

Ne t'en fais pas, je ne t'écris pas cette lettre pour te réclamer un nouveau chèque. Non, le temps ou je dépendais encore de ton argent est révolue. Oui je sais, je t'entends encore me dire que je n'aurais jamais dû abandonner mes études... mais je voulais simplement t'annoncer que j'ai trouvé un petit job de barmaid dans un bar. Toi qui étais tellement inquiète que Bambi et moi ne puisons pas nous payer un appartement, au point de devoir vivre sous les ponts délabrés. Ça paye pas de mine mais je t'avoue que je suis plutôt fière de moi. Mon sens de la communication est enfin reconnue à sa juste valeur. Tu sais que je serais capable de faire acheter n'importe quoi à n'importe qui, alors ce boulot me sied plutôt bien. Je dois sûrement avoir ça dans le sang. J'image ton sourire en lisant ceci, non, ne t'en fais pas, je ne fricote pas avec tout les jeunes hommes qui croisent mon chemin. Mais je préfère passer à autre chose, parler de ma vie sentimentale dans cette lettre ne me tente pas réellement. D'ailleurs ça tombe bien parce que je dois écourter mon récit. Je crois que les pâtes sont entrain de déborder...

Mi manchi.
Tua figlia.

Un sourire s'esquissa sur les lèvres de la blonde alors qu'elle venait de glisser l'enveloppe dans la boite aux lettres. Si ses parents savaient.
Un dernier coup d’œil à son téléphone portable et la belle repartit en direction du studio photo. Là-bas elle se dévêtira, puis elle contemplera les lingeries que son corps dénudé mettra en valeur. Elle se postera ensuite devant le photographe. D'humeur féline, elle jouera avec l'objectif, elle tournera autour de celui-ci comme une lionne autour de sa proie. D'humeur joueuse, elle attirera son attention. Elle réussira à détourner son regard de son travail, puis elle lui adressera un sourire mesquin. Attrape-moi si tu peux. Ce simple stagiaire qui rêvait de poser ses doigts sur cette peau laiteuse. Oui, elle n'attendait que ça, l'italienne. Pourtant, elle glissera entre les mailles du filet, lorsque tout l'équipe prendra sa pause déjeuner, elle se rapprochera délicatement de lui et effleurera ses lèvres du bout des siennes. Puis, elle retournera dans le vestiaire enfilant une tenue plus adéquate qui recouvrira intégralement son corps. Dommage pour toi, le jeu est terminé.