est l'un de ces gosses nommés X à la naissance × a grandi dans une famille aimante × s'est mis à les détester à l'adolescence et à les fuir × son casier judiciaire impressionne par son épaisseur × a fait un tour en centre de redressement lorsqu'il était mineur × vit de business foireux qui rapportent plus d'ennuis que d'argent × brûle la vie par les deux bouts × fume, boit, se drogue à l'occasion, joue, baise, il accumule les vices × ne supporte pas son prénom, tolère son nom × a pris l'habitude d'errer de squattes en squattes ou dans des piaules miteuses x se pensait seul jusqu'à ce qu'il la rencontre x rêve souvent d'ailleurs et d'autres choses x est incapable de comprendre la société dans laquelle il vit et tente de survivre x se sert d'injures comme ponctuation x se considère comme une caricature de ce qui l'entoure x n'en a strictement rien à foutre du regard et de la naïveté des autres x le mensonge n'est rien de plus qu'un jeu qui passe le temps x si les fast-food offraient des parts de marché à leurs clients alors il serait millionnaire x se balade souvent avec un chien qu'il a trouvé dans la rue un soir où il était trop défoncé pour réfléchir x a commencé à se faire encrer la peau vers ses quinze ans dans une hygiène douteuse x il n'a jamais tort x ses poings ont toujours raison x il ne sait pas de quoi demain sera fait et en toute honnêteté ça ne le traumatise pas plus que ça x ne s'explique pas toute cette violence qu'il a en lui x voit la vie comme une partie de roulette russe x aime la musique à s'en rendre sourd et à en faire profiter le voisinage x exècre la bourgeoisie quand bien même il a grandi dans ce milieu x a arrêté sa scolarité au lycée, trop occupé pour étudier x n'en veut plus à ses parents adoptifs depuis quelques temps et s'étonne même à renouer doucement avec sa mère x ne supporte pas de ne pas avoir les mains occupées x ne peut se résoudre à entrer dans le droit chemin x vit d'envie pour elle, rêve d'enfer en sa compagnie

La nuit pour seule amie. Le silence aussi. Il ne sait même plus ce qu’il fait. La clope qui se consume dans le cendrier s’envole en fumée et ça lui pique les yeux. Il ne l’écrase pourtant. Tige de tabac condamnée à brûler et s’éteindre, l’impression d’avoir une vie éphémère à quelques centimètres de lui. Il griffonne, le connard laisse le carbone tracer des lignes sur une feuille blanche. Ses doigts sont tâchés d’encre, il est seul. Seul, dans le silence. Putain d’apaisement qui lui bousille le cœur. Le silence c’est elle. Il pense à elle et dans les traits du crayon naît son visage de pute angélique. Il observe. Elle lui manque, elle fait la gueule. Elle lui en veut la salope. Il s’en fout, il veut briser le silence rien que pour l’oublier, même un peu ça lui va. Il l’a dans la peau comme l’encre sur son corps. La mine se brise, il s’arrête, chiffonne l’esquisse et la balance plus loin. Bordel. Il se grille une nouvelle clope, inspire une bouffée à se faire exploser les poumons et la laisse s’échouer dans l’air. Il ne lui doit rien et malgré tout il sait. Comme une illumination, elle a hurlé à sa manière, lui a dégueulé ses sentiments à la gueule dans une rage folle et silencieuse. Sans parler, le regard a suffi à faire passer le message. Il s'en fout. Il ne se reproche rien et le connard a eu le culot d’aimer ça. Le culot d’avoir aimé baiser la meilleure amie quand bien même elle s’est révélée trop bavarde. Le culot d’avoir aimé la réaction de la blonde anarchiste. Un rictus se forme et déforme son visage alors qu’il repense à tout ça. Un jour il la reverra, ou peut-être jamais. Est-ce réellement important ? La réponse lui fait peur, il esquive et se lève pour rejoindre une bouteille qui l’appelle un peu plus loin. Oublier. Il cesse de penser, se brûle la gorge en quelques gorgées sèches. Bouteille à la main, il est prêt à aller retrouver son pieu, à s’affaler dessus sans demander son reste. Pourtant le grincement de la porte le ramène sur terre. Il soupire en entendant qu’elle s’ouvre. « Y'a personne putain. » Il lève la tête vers l’emmerdeur nocturne. Cligne des yeux un instant, observe sans un mot. Il est fou. Il pense qu’il est fou. L'anarchiste le fixe du bleu de ses yeux. Presque trop calme pour qu’elle soit réellement là. Demain il arrête de boire. Elle approche, il la fixe du regard. « Qu’est-ce que tu fous là ? » Elle ne répond pas. Pas comme tout le monde, mais il lit la réponse dans sa gestuelle. Il sent son genou partir, se heurter contre la table contre laquelle il reposait. Réflexe de protéger les attributs de sa virilité, il a reculé juste ce qu’il fallait pour éviter le coup. Il n’évite pas le second. Se prend un poing féminin dans la pommette. La douleur le pique au vif et il sourit. « Hm je vois, je te manquais. » Il la laisse taper, ça lui fait du bien, elle communique, la violente, de ses poings qu’elle abat sur son corps, de ses ongles qui lacère sa joue. Il encaisse, ne bronche pas. Ça lui fait du bien. Il a mal, mais ça lui fait du bien aussi. Elle est là. Elle le rappelle à la vie. Elle lui en veut, mais il lui manque comme elle lui manque. De ses mains il attrape les poignets, les serre comme pour les briser. Il la retient, l’enferme, l’emprisonne. Contre lui il l’attire. Les souffles se mêlent. Son cœur s’explose contre celui du connard. Il la regarde « C’est bon ? T’as fini ? » Il la lâche. Qu’elle est belle, qu’il est con. « Toi aussi tu m’as manqué salope. »